Revêtu d'un gilet de sauvetage, Paulo Borges observe depuis son épicerie le va-et-vient des barques dans les rues inondées de Tres Vendas, une petite ville de 4.000 habitants, à près de 300 kilomètres de Rio de Janeiro, totalement submergée après la rupture d'une digue provoquée par de fortes pluies.
Les précipitations des derniers jours ont augmenté le débit de la rivière Muriaé et ont provoqué l'effondrement partiel d'une route surélevée qui servait de digue, ouvrant une brèche de 20 mètres à travers laquelle se sont déversées les eaux de la rivière, inondant en quelques heures ce gros village du nord de l'Etat de Rio.
Aucune victime n'avait été recensée vendredi après-midi, l'alerte ayant été donnée à temps.
"Tout a commencé à 07H00 du matin (09H00 GMT) et, comme toujours, nous n'avons pas pu tout sauver, tous les ans c'est la même chose", raconte à l'AFP Paulo Borges, qui a enfilé un gilet de sauvetage "au cas où".
C'est la troisième fois depuis 2007 que la digue cède, selon le journal O Globo.
Un silence étrange s'est emparé vendredi de cette localité où la pluie a cessé, faisant place à un ciel bleu et un soleil intense.
Il est seulement interrompu par le bruit des moteurs des barques qui servent au transport des habitants et à apporter eau et nourriture à ceux qui ont décidé de rester en dépit de l'inondation.
Patrick Ramos, 17 ans, n'attend pas le bateau et avance, de l'eau jusqu'au cou. "Il y a eu un passage où je n'ai pas pu marcher, j'ai dû nager", explique-t-il en essorant son tee-shirt.
Tous regardent hypnotisés la rivière dense et marron qui envahit tout: le bar, l'école, l'église...
Dans le dépôt de l'épicerie de Paulo, épargnée par l'inondation, Ducineri Martines et Reinaldo Quintilla se sont installés avec les objets qu'ils ont pu retirer à temps de leur maison, "avec l'aide de l'armée".
"Je me suis levé tôt, la nouvelle s'est répandue rapidement, un cri m'a alerté et nous avons commencé à retirer le frigidaire, le réchaud, le canapé et la télévision. Pas mal non ?", dit en souriant cette femme au foyer en servant le déjeuner de son mari Reinaldo, 41 ans.
Dans tout l'Etat de Rio, les autorités ont décrété l'alerte maximum et ont évacué des milliers d'habitants par crainte d'inondations et de glissements de terrains meurtriers.
La saison des pluies au Brésil, qui a commencé fin octobre mais s'est intensifiée ces dernières semaines, a fait au moins huit morts et entraîné l'évacuation de plus de 15.000 personnes dans les Etats de Rio et de Minas Gerais (sud-est).
Il y a exactement un an, dans la montagne près de Rio, pluies et éboulements avaient provoqué la mort de plus de 1.000 personnes.
A Tres Vendas, les autorités ont mis en place des hébergements pour les milliers d'évacués.
"On a déjà évacué 500 familles et on fait tout pour évacuer les 500 restantes, réfugiées sur des terrasses et les toits, parce que le niveau de l'eau ne va pas baisser avant au moins un mois", dit à l'AFP le colonel Moacir Pires, coordinateur des opérations de la Défense civile.
Reselene Martines assure n'avoir pas reçu la moindre aide du gouvernement. Quand l'eau est montée, elle a quitté le village avec son grand-père et ses trois enfants et s'est réfugiée chez une tante dans un village proche, abandonnant ses biens.
"On n'a pas reçu d'aide, on a beaucoup de difficultés", dit la jeune femme, un bébé dans les bras, en attendant une barque pour aller vérifier l'état de sa maison.
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